MISSIONS & AXES DE RECHERCHE

Les recherches menées par la Chaire Unesco pour une culture de Paix économique sont trans et pluridisciplinaires, mêlant sciences du management, psychologie, médecine, philosophie et d’autres disciplines. Elles associent l’expérience de terrain et l’expérimentation et portent sur trois grands axes intimement liés :

 

  • PAIX AVEC SOI ET DANS LES RELATIONS

La mindfulness ou pleine conscience est au coeur des travaux de la chaire depuis sa création. La mindfulness renvoie à la conscience de soi. Elle permet de développer la concentration, l’attention et l’acception et d’augmenter les décisions éthiques dans les organisations (Ruedy and Schweitzer 2010; Sevinc and Lazar 2019). Souvent les rapports violents sont appréhendés au travers de la distinction entre comportements éthiques/non éthiques ou du couple égoïsme/altruiste. Toutefois, on peut contester cette manière d’appréhender le comportement humain et la nature humaine au regard de la littérature psychologique. Les comportements éthiques observés relèvent davantage d’une conscience soi, quand la violence semble être générée par une absence à soi-même. Dès lors, prendre conscience de ses besoins, de son environnement et de ses rapports à autrui est une clé pour identifier les tensions, sources de violence, et trouver des voies de gestion répétées des déséquilibres. Cultiver la communication non violente est aussi un levier. Après avoir mobilisé à différentes occasions la CNV, les recherches actuelles visent dans le sillage des travaux de Max-Neef (inspirateur de la CNV) à interroger ce que sont les besoins des personnes sur un territoire et les stratégies de réponses associées.

Après avoir interrogé son rapport à soi-même, aux autres et à ses besoins, il s’agit d’apprécier comment s’opère l’apprentissage des personnes et des équipes. On sait que les managers sont souvent pris dans des situations tensionnelles qui peuvent être source de violences pour eux et pour les autres – c’est pourquoi un aspect clé est d’arriver à les accompagner notamment face aux changements à opérer en termes de leadership pour faire diminuer les violences organisationnelles et améliorer le bien-être au travail. Cette préoccupation explique le fait que la Chaire Unesco pour une culture de paix économique a fait émerger différents travaux autour du coaching et du leadership. Certains partenaires ont d’ailleurs porté des initiatives fructueuses autour du servant leadership, à savoir du leader au service de son équipe. Les recherches actuelles visent à comprendre ce qui fait que de tels programmes de formation peuvent fonctionner ou pas. Autrement dit, ils permettent de mettre en exergue ce qui peut être pertinent dans ce type d’accompagnement durable. Un modèle permettant d’identifier les compétences clés pour soutenir la possibilité émancipatrice du coaching a également été élaboré. Ces recherches sont centrales pour comprendre comment le coaching peut être un levier de transformation pertinent pour différents acteurs de l’entreprise et pour saisir comment retrouver le goût de l’apprendre.

Quatre publications récentes clés :

  • PAIX ORGANISATIONNELLE

Bien que les personnes jouissent d’une autonomie, celle-ci est contrainte par le cadre de l’organisation. L’organisation peut être un levier pour favoriser des comportements altruistes et coopératifs ou au contraire favoriser des comportements de concurrences néfastes, de domination, d’exploitation. Les recherches autour de la paix organisationnelle permettent d’aborder les grandes questions suivantes : comment se construit le rapport à l’organisation ? Quelle influence du dirigeant dans la construction de l’identité organisationnelle ? Comment peut-il contribuer à une organisation pacifiée ? Quels apports des nouveaux modes de managements et quels écueils ? Comment éviter les rapports de domination et d’exclusion et mieux participer à l’inclusion – des femmes, des plus fragiles, etc - dans les organisations ?


Ces questions sont traitées au travers de trois sous-axes :
1. Innovations organisationnelles et inclusion :
plutôt que d’explorer les limites des modes de management traditionnels, déjà très détaillés dans les recherches existantes, nous explorons ici les apports et écueils des innovations et alternatives managériales, à savoir le management néo-participatif, les nouveaux lieux de travail dans les entreprises, les nouveaux imaginaires et organisations alternatives. Ces modes d’organisation portent la promesse d’améliorer le bien-être des salariés et permettre une meilleure prise en compte de l’humain dans le travail. Pourtant, comme le révèle nos travaux, ils peuvent générer de nouvelles violences : pathologisation des affects négatifs par exemple dans le cas de la promotion du bonheur au travail.

2. Socialisation organisationnelle :
nous avons mené une étude de cas approfondie pour comprendre comment la carrière des individus avait évolué au fil du temps. Nous nous sommes intéressés au processus de socialisation anticipatoire qui se situe bien avant l’entrée effective du salarié dans l’entreprise, et même avant sa décision de candidater. Nous avons mis en évidence la façon dont l’individu se construit une image valorisante d’une organisation. Il ressort des entretiens que l’individu évalue de façon cognitive la congruence entre ce qu’il recherche et ce que l’entreprise propose. Il existe aussi des influences sociales et émotionnelles dont il faut tenir compte dans le processus d’évaluation de cette congruence. Dans la continuité de ce travail, nous menons une étude auprès des soignants de l’hôpital public. Nous étudions la façon dont le personnel soignant a travaillé pendant la crise sanitaire, les effets de cette expérience sur leur rapport au métier qu’ils exercent et leur engagement vis-à-vis de l’hôpital public.

3. Dirigeant éthique et identité organisationnelle :
nous avons mené une étude au sein d’une société de conseil et de formation spécialisée dans le développement des compétences managériales sur son identité organisationnelle. Cette étude a montré comment l’identité de l’entreprise avait évolué au fil du temps et comment le fondateur de l’entreprise, aujourd’hui absent, continuait d’exercer une influence sur le travail identitaire des membres de l’organisation. Cette influence apparaît sous deux manières différentes: les anciens membres de l’entreprise restent attachés à l’identité originelle de l’entreprise tandis que les nouveaux membres voudraient la faire évoluer pour s’adapter aux évolutions du marché. A cela s’ajoutent des contradictions dans le discours porté par les dirigeants de l’entreprise. Ces différentes perspectives identitaires créent des tensions parmi les membres, soit parce que certains employés sont nostalgiques du passé, soit parce que d’autres employés ne se reconnaissent pas dans la nouvelle identité proclamée par les dirigeants. Par ailleurs, une étude de cas a été menée au sein d’un Ehpad concernant l’identité organisationnelle et l’influence que son identité a sur les pratiques des soignants, leur rapport au travail et aux résidents et in fine, les questions liées au respect de la vie et la recherche du bien commun, deux notions clés pour la Chaire Unesco pour une culture de paix économique. D’une manière générale, nos études cherchent à étudier la façon dont les décideurs prennent leurs décisions et la façon dont ils intègrent la recherche du bien commun dans leur processus décisionnel. Cette question peut être reliée à la question de l’identité (quelles sont mes croyances, mes valeurs) et de l’identité organisationnelle (qui sommes-nous en tant qu’organisation et que faisons-nous pour atteindre le bien commun).

 Quatre publications clés récentes :

 

  • PAIX INTER-ORGANISATIONNELLE ET TERRITORIALE

Nos travaux autour de la paix inter-organisationnelle et territoriale se structurent autour de trois sous-axes :
 1. Le bien-être soutenable et la prise en compte des interdépendances :
l’un des projets majeurs de recherche qui alimente l’axe paix inter-organisationelle et territoriale, concerne les Indicateurs de Bien-être Soutenable Territorialisés (IBEST). La Chaire Unesco pour une culture de paix économique a une véritable expertise sur le sujet et est maillée avec un écosystème d’acteurs pertinents du champ, en France (loi Eva Sas, expériences locales, etc) et à l’international (BNB Bhoutan, Equateur, Belgique Bruxelles, Genève Suisse, etc). Elle est co-fondatrice du centre ressource Cap Bien Vivre qui fournit des clés pour comprendre les enjeux et déployer ce type de démarche sur un territoire ou dans une organisation. Ce projet de recherche-action sur le territoire de la métropole grenobloise a, dans une première étape, établi un référentiel du bien-être soutenable en partenariat avec l’ensemble des acteurs locaux. Ce référentiel est maintenant adopté comme référentiel de la politique publique métropolitaine et utilisé à des fins d’observation et d’évaluation. Dans un deuxième temps, la démarche été déployée dans le département de l’Isère dans des communes économiquement vulnérables du Nord-Isère. Ce sont des territoires où des actions partenariales avec les services déconcentrés de l’Etat, département, communautés de communes et villes, sont déployées. L’enjeu de l’usage d’IBEST ici est double : nourrir la connaissance du territoire à un instant T et évaluer les actions conduites sur le territoire. Actuellement, du côté de la ville Grenoble, le référentiel IBEST est articulé avec la démarche du donut qui est désormais un cadre de référence pour les organisations privées comme publiques. Avec le département de l’Isère, la commune de l’Isle d’Abeau plus précisément, il est question de tester une démarche participative sur le territoire pour encourager les habitants à contribuer au cadre d’évaluation de certaines actions conduites sur le territoire. Nous réfléchissons à la possibilité de tester dans le futur le développement du donut dans une organisation plus « classique ».

 2. La construction de coopérations territoriales innovantes :
construire un territoire de paix nécessite de développer des coopérations territoriales nouvelles. C’est sur quoi se concentre ce sous-axe. Une première série de travaux s’est attachée à la manière dont les acteurs d’un territoire peuvent collectivement innover pour répondre à des besoins clés du territoire. Ce travail lié à la Chaire Territoire en transition de Grenoble Ecole de Management a permis d’étudier de manière approfondie la mise en oeuvre d’un Ehpad hors les murs dans le Nord Isère. De telles innovations pluri-partenariales sont inspirantes pour identifier d’autres manières de répondre aux besoins du territoire. Ce champ de réflexion rejoint les initiatives des acteurs autour de « territoires de paix » conduites en Pays de Loire et à la Tour du Pin.

 3. La transformation de la fonction achat en vue de participer au développement d’achats pacifiés :
le troisième sous-axe de recherche fait un focus particulier sur les relations collaboratives entre clients et fournisseurs et étudient ce que sont les leviers pour des achats pacifiés. La norme est encore aujourd’hui l’approche de « cost killer » dans la fonction achat : comment sortir de ces relations violentes, tendant à l’exploitation pour rentrer dans un mode différent de relations plus à même de créer de la valeur de long terme ? Différents terrains d’études ont été adoptés et la recherche a permis de dégager des indicateurs et tableaux de bord pertinents pour caractériser le capital « relations fournisseurs » et le piloter.

Quatre publications récentes clés :

 

  • PAIX SYSTÉMIQUE

L’organisation du système économique est déterminante dans la survenue des violences économiques. Comment évoluent les règles du jeu international ? Comment se modifient les relations d’acteurs à ce niveau ? Y-a-t-il des espaces d’autonomie qui sont laissés aux Etats et aux acteurs pour oeuvrer en faveur du bien commun ? Les accords d’investissement peuvent-ils être des leviers pour le bien commun ?
C’est à ces questions que sont consacrés ce sous-axe articulé autour de deux enjeux :

 1. La transformation des relations internationales :
Ce sous-axe est dédié aux transformations des relations internationales et se décline en deux grands champs de travaux : la gouvernance économique globale et la relation Chine/Moyen-Orient. A la base du concept de l’espace politique de développement formulé par le CNCUED, le premier champ étudie le niveau d’autonomie politique dont disposent les pays du Sud pour mettre en place une stratégie de développement orientée vers la transformation structurelle. La littérature souligne et critique la présence de contraintes majeures sur la capacité des États à définir leurs propres politiques économiques à cause des règles et pratiques néolibérales supranationales, comme les accords de libre-échange et les conditionnalités du financement imposées par le FMI et la banque mondiale. En revanche, elle a complétement négligé l’étude des effets de l’implication croissante et accélérée de la Chine dans la gouvernance globale sur l’autonomie politique des pays de Sud sachant que la Chine mène elle-même une stratégie de transformation structurelle. Le deuxième champ de travail se base sur des concepts développés dans le domaine de la géographie politique afin d’étudier comment le processus de la recomposition de l’ordre mondial pourrait être ancré territorialement, en appliquant cette thèse sur la relation Chine/Moyen-Orient. Dans un premier temps, en nous basant sur des concepts analytiques du domaine des relations internationales, nous étudions les mutations géoéconomiques liées au changement d’intégration internationale des pays du Golfe vers une relation très étroite avec la Chine et ses effets sur le système monétaire international. Dans un deuxième temps, nous adoptons une approche inter-scalaire de l’analyse des déterminants et des conséquences de l’initiative au Moyen-Orient. L’objectif ici est double : d’une part, nous menons un travail de collecte et d’analyse des données pour saisir les modalités concrètes de relation Chine /Moyen-Orient, notamment l’examen des modes de partenariat, des modes de propriété et des types d’acteurs impliqués (privés et/ou publics) dans trois secteurs (énergie, infrastructures et logistique). Ainsi, cet axe, qui articule le champ de l’économie, de la géopolitique, de la géographie et du droit, permet de voir comment la Chine vient bousculer l’ordre international et élargir l’espace politique de développement des pays du Sud.

 2. La régulation et les accords d’investissement :
il s’agit ici d’évaluer les accords d’investissements internationaux au regard de leur protection et de la poursuite d’autres enjeux socio-environnementaux. L’analyse empirique a été conçue pour identifier objectivement les grandes tendances d'un régime juridique international très fragmenté. Les résultats montrent que les enjeux de soutenabilité ne sont qu’imparfaitement exprimés aujourd’hui dans les accords d’investissement internationaux. Le droit international n'est pas le meilleur moyen de s'assurer que les investissements entrants participent au bien commun et n'exacerbent pas des problèmes liés à d'autres préoccupations sociétales. Mais, il fournit plutôt des solutions potentielles à ces problèmes. D'autres instruments réglementaires nationaux peuvent être mieux placés pour atteindre ces objectifs.

Quatre publications récentes clés :

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Manon Pacheco
Cheffe de projet communication
Tél.: +33/4 76 70 64 65
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