Pourquoi et comment le JEFTA pourrait remettre le commerce international au service de la paix
Hugues Poissonnier - The Conversation
Hugues Poissonnier, Grenoble École de Management (GEM)
À l’heure où le retour du protectionnisme se fait de plus en plus prégnant et porteur de menaces pour l’économie mondiale, notamment en raison du repli promu par l’administration Trump, un accord présentant de remarquables originalités passe relativement inaperçu.
Conclu le 8 décembre 2017 et devant entrer en vigueur en 2019, l’accord de libre-échange Union européenne (UE) – Japon ou JEFTA (Japan-EU free trade agreement) ne constitue pas seulement le plus important accord jamais signé par l’UE. Il pourrait aussi contribuer à changer la donne en profondeur en matière d’échanges internationaux, car il dédie un chapitre entier au développement durable et fait explicitement référence à l’accord de Paris sur le climat. Souvent décriés pour leur empreinte environnementale et leurs faibles soutiens à l’amélioration des conditions de travail dans les pays du Sud, les accords internationaux pourraient retrouver un rôle bénéfique sous l’impulsion de nouvelles normes qui auraient vocation à s’étendre. Au-delà, c’est même, rêvons un peu, le retour au « doux commerce » qu’évoquait Montesquieu, celui qui favorise le développement de relations commerciales et politiques apaisées, qui pourrait découler d’un accord pionnier et fondé sur la prise de conscience des dangers liés aux diverses formes de repli.