
Penser la paix dans le champ de l’économie
En quoi la paix économique bouscule-t-elle les principes d’une économie néo-libérale ultra-compétitive ? Par extension, notamment dans le contexte du post-Covid-19, comment engager une réflexion sur des relations économiques apaisées ?
Entretien avec Fiona Ottaviani, économiste et membre de la chaire Paix économique, Mindfulness et Bien-être au travail de Grenoble Ecole de Management qui présente sa recherche récente.
L’organisation actuelle des systèmes économiques, fondée sur l’hyper-compétition, est destructrice pour l’homme et pour l’environnement. D’où la notion de « guerre économique ». La question de « l’harmonie sociale » constitue pourtant, en théorie, l’une des résultantes des systèmes néo-libéraux. Pouvez-vous la définir ?
L’harmonie sociale, telle qu’elle est vue par les néo-libéraux, est synonyme « d’équilibre concurrentiel ». Cette conception de la régulation par le marché évince toute réflexion sur les rapports de violence produits par le système capitaliste. L’idée sous-jacente est que la régulation du monde social devrait être assurée essentiellement par le marché, qui serait le lieu de rencontre des intérêts égoïstes des acteurs économiques. Le trait commun des systèmes ultra-libéraux repose sur le postulat suivant : le marché – la rencontre entre l’offre et la demande – est le meilleur instrument de régulation, garant de l’harmonie sociale. L’harmonie sociale est une mystique qui occulte toute réflexion sur les rapports de pouvoir au sein de l’économie.