Les premiers Trophées ouvrent la voie à une intelligence collective

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Le 14 mai 2019, à Grenoble, les premiers Trophées de la Paix économique ont mis en lumière le cheminement d’entreprises innovantes dans le champ de la paix économique. Dominique Steiler, titulaire de la chaire Paix économique, Mindfulness et Bien-être au travail, à Grenoble Ecole de Mangement, rappelle l’esprit des Trophées et dessine les contours de « l’après trophées ». Entretien.

 

trophees_paix_economique_bruno_moyenLa chaire Paix économique et ses partenaires sont les instigateurs de ces premiers Trophées. Quel esprit a présidé à l’événement ?

Rappelons le caractère inédit des Trophées de la Paix économique : la chaire n’a pas pour ambition de remettre un prix en tant que tel, ni de séparer les « bons » des « mauvais » candidats aux Trophées. La chaire n’a pas non plus l’objectif de récompenser un projet abouti. Ceci, pour deux raisons essentielles : d’une part, il peut être « facile » pour une organisation de se présenter sous son jour le meilleur et tomber ainsi dans l’écueil du « greenwashing » ; d’autre part, les Trophées sont d’abord conçus comme un encouragement à la mise en acte, et non à la glorification d’un résultat. L’aboutissement devrait éclore du chemin parcouru.

Quels principaux enseignements retirez-vous de l’événement ?

75 organisations ont concouru. Elles ont ainsi « osé » dire et se positionner comme des contributeurs de la paix économique. C’était impensable voici quelques années, notamment lors de la création de la chaire en 2012 ! Ce qui est touchant dans cette démarche, c’est la prise de conscience des organisations qui œuvrent aujourd’hui à la paix sociale, en érigeant des projets internes et/ou externes à leur entité.

Notons aussi l’indépendance du jury qui a arbitré sur les dossiers de candidatures, et la diversité des structures récompensées : quatre entreprises de droit privé, dont l’une d’elles est basée à Madagascar, une société coopérative, une start-up associative, des associations d’intérêt général, un regroupement de communautés territoriales et patronales, un institut ect. Ces lauréats témoignent que la vie économique va bien au-delà du monde de l’entreprise et qu’elle touche l’ensemble d’un écosystème. Et je pense pour ma part que l’entreprise, son œuvre, va bien au-delà des biens, des services et des richesses qu’elle génère.

J’insisterais sur un point : cet événement coïncide avec une prise de conscience : la performance des individus dans une organisation est la conséquence d’un projet et au-delà d’actions bien conduites, et ne résulte pas d’un hyper-contrôle. Ainsi, c’est bien l’essaimage de bonnes pratiques dans un écosystème propice au travail bien fait, à l’invention, au bien-être, mais aussi aux conflits et à la controverse entre les individus… qui conduit au résultat. C’est le cours de la vie, ses embûches, ses interrogations, ses remises en question et ses mises en perspective… qui mène à une forme d’aboutissement.

Les lauréats vont être accompagnés dans leur démarche d’amélioration par les enseignants de la chaire Paix économique. De quelle manière ?

Cet accompagnement prendra la forme d’un double engagement : celui de la chaire à l’égard des lauréats, mais aussi des lauréats vis-à-vis de la chaire. L’accompagnement des lauréats se construira sur l’échange et le partage d’expériences dans le but d’enrichir le tissu social. Nous avons ainsi imaginé un accompagnement d’une dizaine d’heures pour chaque lauréat, qui intègre un ensemble de possibilités. Toutes répondront aux besoins réels, identifiés et de terrain des organisations. La première question sera toujours : de quoi avez-vous besoin, quelles sont vos attentes, vos envies pour cheminer encore vers la paix économique ? Nous n’imposerons pas de grille. Cela pourra par exemple se traduire par la mise en place de communautés de pratiques, de conférences de sensibilisation, de la contribution à un film institutionnel… A partir de chaque questionnement, nous ajusterons nos préconisations. Ce qui prime, c’est la mise en lien et le soutien dans la complexité à travers notamment des apports académiques, dans le but d’améliorer l’existant. Dans ce domaine, tout est possible.

L’intention de fond est d’intégrer les lauréats dans une intelligence collective qui se nourrit d’une communauté de pratiques. La notion de « projet en devenir » est cruciale. Notre approche sera donc très pragmatique en s’inspirant toujours de la réalité de l’entreprise, sans a priori.

Que souhaitez-vous dire aux organisations qui s’interrogent sur les moyens de contribuer à leur mesure à la paix économique ?

Cette première journée et soirée de la paix économique, à Grenoble, a été portée par un élan général. L’initiative a impulsé un mouvement d’ensemble, visant à défendre des projets d’organisations autour de la paix économique. C’est pourquoi, au-delà du cercle initial des partenaires du projet et mécènes de la chaire, nous réfléchissons aujourd’hui à construire un écosystème plus large encore, en intégrant d’autres organisations qui pourraient s’investir d’une manière différente en tant que contributeurs au sein d’une association, par exemple. Car j’ai la conviction que ce sont les projets de terrain, une mobilisation d’ensemble et l’effort quotidien de gens ordinaires, qui produiront une dynamique constructive permettant de faire bouger les lignes, vraiment, vers une performance nécessaire mais aussi vers la paix.

 

En savoir plus sur les Trophées de la Paix économique et les Lauréats

Photo copyright : Bruno Moyen

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